Communication dans le cadre du colloque «Humanités numériques et computationnelles», université Côte d’Azur, Académie d’Excellence «Homme, Idées et Milieux», Nice, Centre Universitaire Méditerranéen
Résumé
Prenant de l’ampleur au tournant des années 2010, les modalités d’intelligences artificielles dites d’« apprentissage profond» (deep learning) reposent sur une architecture technique structurellement opaque: le programme informatique n’est plus modélisé en amont mais résulte, par rétroaction, du couplage entre des entrées (inputs) et des sorties (outputs) «étiquetées». En automatisant de plus en plus de tâches – y compris dans les champs de l’art et du design –, ces boîtes noires (black boxes) échappant à l’entendement humain bousculent les actuelles catégories éthiques ou morales. Mais si l’on considère que les machines, par effet de miroir, révèlent la part «inhumaine» de l’humanité, la partition humain/machine a-t-elle encore un sens? S’inscrivant dans le dépassement de cette opposition, le travail critique des technologies du deep learning par l’art et le design montre comment des capacités considérées comme «humaines» peuvent en fait relever d’un caractère machinique. Dès lors, cela ne conduirait-il pas à remettre en cause l’expression même d’« humanités numériques »?